Entre les aspirations des collaborateurs et les réalités du terrain, un écart conséquent s’est développé et s’est amplifié avec la pandémie. Voici un résumé de mon entretien avec Planet Media publié en mars dernier.

Quelles sont les nouvelles attentes des travailleurs ?
Denis Pennel : « Tout d’abord, une volonté de liberté de choix dans l’exercice de leurs fonctions, y compris en termes de lieu de travail : en partie chez soi, en partie au bureau et/ou dans des espaces tiers… Mais aussi par rapport au temps de travail : à temps plein, à temps partiel, avec des horaires décalés, en adaptant son rythme de travail en fonction de ses besoins personnels.
Une autre grande tendance est liée à la volonté de retrouver de l’autonomie dans l’exercice du travail. En effet, de nombreux managers se plaignent du temps très important qu’ils consacrent à faire du reporting, au détriment des tâches essentielles de leur fonction. »
En quoi la crise du Covid a-t-elle contribué à accroître ce phénomène ?
D. P. : « La pandémie a permis le travail à distance, faisant prendre conscience aux travailleurs à quel point ils pouvaient gagner en liberté et en autonomie. Parallèlement, la notion de bien-être en entreprise est devenue une priorité essentielle. Conséquence : le nombre d’offres d’emplois vacants n’a jamais été aussi élevé en Belgique et dans d’autres pays européens. De même, sur une moyenne mondiale, 40 % des personnes actives pensent à changer d’emploi dans les 3 à 6 mois. Cela démontre que nous sommes clairement dans un marché du travail en plein bouleversement, avec de nouvelles attentes de la part des collaborateurs, mais qui sont insuffisamment satisfaites. »
Le constat dressé semble évident, pourtant il le paraît moins aux yeux des employeurs ?
D. P. : « Il serait d’abord judicieux de clarifier certains thèmes. Aujourd’hui, tout le monde parle du besoin de flexibilité sur le marché du travail, mais avec une compréhension différente. Pour l’individu, il s’agit davantage d’une notion de liberté et de choix quant à la répartition de ses horaires, tandis que pour l’entreprise, il s’agit plutôt d’adapter sa force de travail en fonction du carnet de commandes.
Un autre écart réside dans la notion d’autonomie, qui consiste plutôt, pour l’entreprise, en un concept d’agilité. C’est le cas également pour ce qui a trait à la formation professionnelle et au développement des compétences, où il existe une très forte attente de la part des individus. Or, on se rend compte que lorsqu’il s’agit de recrutement, les entreprises ont plutôt tendance à prospecter à l’extérieur, au lieu de considérer d’abord leur propre force de travail. »
L’intégralité de l’interview peut-être lue ici